L’énergie de l’art fait-elle valser les meubles ?
Samedi
30 novembre 2013
Jean Dubuffet opposait
à l’« art brut » une notion tout aussi complexe :
celle d’« art culturel ». Ce qui manquait selon lui à
la « culture » – à la conception et à la pratique de
l’art qui en découlent –, c’était une « force vitale ».
Cette vie, cette énergie dont témoignerait une création « brute »,
Anne Boissière en retrouve la trace dans les théories de Hans
Prinzhorn. Cette énergie, ce mouvement, Emmanuel Pernoud la traque
dans les représentations artistiques et littéraires spirites.
Est-ce dire que
l’énergie de l’art fait valser les meubles ? Telle est la
question que nous nous poserons avec nos deux invités à l’occasion
du prochain séminaire du CrAB.
Anne
Boissière – Vie, Gestaltung : Dubuffet
avec Prinzhorn
• Jean Dubuffet
condamne la culture, c’est-à-dire l’intellect, pour autant qu’il
ne cesse de promouvoir un autre critère dans son appréciation et sa
définition de l’art : celui d’une énergie ou d’une vie,
présente ou affleurant dans les images, et qui s’imposerait
d’emblée au regard. De quelle sorte est faite cette vie qui défie
les critères conventionnels de l’esthétique ? L’effort
d’une théorisation s’en trouve dans le livre de Hans
Prinzhorn, Bildnerei
der Geisteskranken, sous
la catégorie de la Gestaltung qui
oblige à remettre en chantier la question de l’art, des images et
de la forme.
> Anne
Boissière enseigne l’esthétique et la philosophie de
l’art à l’université de Lille 3 où elle a dirigé le Centre
d’étude des arts contemporains (CEAC). Elle est l’auteur de La
Pensée musicale de Theodor W.Adorno, l’épique et le
temps (Beauchesne, 2011), « Adolf Wölfli
et Carl Gustav Jung », Adolf Wölfli Univers, (LaM,
2011) et « La naissance de l'art brut 1945-1952 : une part
américaine ? », Art brut : une avant-garde en moins ?,
(L'Improviste, 2011). Elle collabore régulièrement avec
le LaM à Villeneuve d’Ascq.
• Avant de faire parler
ou dessiner les esprits, le spiritisme se présente comme un certain
usage des tables et des guéridons. Il est des tables tournantes,
comme il est des tables à écrire, à ouvrage, à manger, ou des
tables de jeu. Nous tenterons de replacer le spiritisme dans cette
« valse des meubles » dont les représentations
artistiques et littéraires nous offrent d’autres exemples.
> Ancien conservateur
des collections d'estampes contemporaines à la Bibliothèque
nationale de France, Emmanuel Pernoud est historien
del’art contemporain et enseigne à l’Université Paris 1
Panthéon-Sorbonne.
Il est l’auteur
de L’Invention du dessin d’enfant en France à l’aube
des avant-gardes (Hazan, 2003), L’Enfant obscur.
Peinture, éducation, naturalisme (Hazan, 2007) et a
récemment publié Paradis ordinaires. L’artiste au jardin
public (Les Presses du réel, 2013).
2,
rue Vivienne – Paris, 2e
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