Paris/Institut National d'Histoire de l'Art
Samedi 29 mars 2014
10h00 – 12h30
Dans le cadre de son séminaire, le CrAB invite à un travail collectif sur la capacité d'ébranlement épistémologique propre à l'art brut. Les disciplines qui l'interrogent se voient en effet interroger par lui en retour, comme sous l'effet d'une réplique. Notion opératoire (C. Delavaux, 2010), l'art brut a cet effet stimulant d' « affoler » nos grilles de lecture (V. Capt, 2013). En ce sens, il permet de penser de manière critique les différentes strates sur lesquelles repose l'assise même des disciplines qui le prennent comme objet d'étude (littérature, linguistique, histoire de l'art, anthropologie, etc). L'art brut engage ainsi à questionner certains de leurs fondements qui restent des impensés : la notion inventée par Jean Dubuffet permet, justement, de les penser.
La
séance du 29 mars 2014 consistera à initier cette
réflexion du côté de l'histoire de l'art. Baptiste Brun, docteur
en histoire de l'art et cofondateur du CrAB, reviendra sur les
méthodes mises en œuvre dans sa recherche de thèse et les
conclusions qui furent tirées de ce travail. L'art brut sera
envisagé comme partie intégrante d'une critique du primitivisme
entreprise par Dubuffet dans l'immédiat après-guerre. Plus avant,
il s'agira de produire un prolongement de cette critique du
primitivisme, celui-ci étant entendu comme constitutif de l'histoire
de l'art et condition de son exercice. Ce non sans prolonger à
l'insu de la discipline elle-même certains postulats issus de sa
genèse où darwinisme et racialisme se confondent. N'est-ce pas là le problème d'une histoire de l'art fondamentalement primitiviste qui s'esquisse ?
- Céline Delavaux (2010), L'art brut, un fantasme de peintre. Jean Dubuffet et les enjeux d'un discours, (Préface de Gérard Dessons), Paris, Palette
- Vincent Capt (2013), Poétique des écrits bruts. De l'aliéné vers l'autre de la langue, (Préface de Sarah Lombardi), Lausanne/Limoges, Collection de l'Art Brut/Lambert-Lucas
- Baptiste Brun (2013), De l'homme du commun à l'Art Brut : « Mise au pire » du primitivisme dans l’œuvre de Jean Dubuffet (1944-1951), thèse de doctorat en histoire de l'art, soutenue le 25 juin 2013 sous la direction de Thierry Dufrêne, Université Paris-Ouest Nanterre-La Défense / École du Louvre
Le
séminaire est ouvert au public.
Il
se tiendra exceptionnellement de 10h à 12h30 en salle Walter
Benjamin, à l'Institut national d'histoire de l'art, 2 rue Vivienne,
Paris, 2e, le samedi 29 mars 2014.